Cherchez Alex au Collège des Bernardins

Nom de code : Alex. Il s’agit d’un personnage fictif incarné par un figurant recruté par petite annonce et casting. Un persona auquel une équipe de pygmalions a insufflé son caractère. L’artiste Pauline Bastard s’étant entourée d’un psychologue, d’un anthropologue, d’un juriste, d’une costumière… Lorsque l’on lit ce pitch de l’exposition, on songe aux équipes de scénaristes et autres showrunners qui imaginent les personnages des séries et en assurent la cohérence au fil des épisodes et des saisons.

Cherchez le garçon. Physiquement l’exposition se présente sous une forme discontinue. Une série d’écrans vidéo mêlés à quelques effets personnels. Des séquences filmées sont diffusées sans indication d’ordre ou de quelconques repères. On finit par détecter la présence de l’antihéros. On le suit dans ses errances à Montparnasse, ses flâneries et menus achats à Max Dormoy, dans son apprentissage de la méditation, sur une table de massage, à un entretien d’embauche pour un petit boulot, ainsi qu’à une séance de danse-improvisation et même à un love-coaching… Sa silhouette, sa démarche, sa gestuelle et ses expressions deviennent peu à peu familières. Peu loquace, Alex prend corps progressivement et construit sous nos yeux son identité.

Sous une apparence de réalité plutôt banale, la vie d’Alex, ses rendez-vous et ses rencontres sont dictés par l’équipe (soutenue par Audi Talent Awards, dont Pauline Bastard a été lauréate en 2014). Des heures de tournage ont été nécessaires pour rendre cette fiction crédible. Une partie de ces films est présentée, la partie émergée de l’iceberg. Pauline Bastard explique « On faisait une expérience, plus qu’on ne tournait de vidéos ». En effet, étant dépourvu d’un vécu ou d’une histoire, comment Alex allait-il réagir dans certaine situations ? A vous de poursuivre cette expérience et d’évaluer la puissance de l’image et des faux-semblants numériques.

Alex – Pauline Bastard / Collège des Bernardins – Jusqu’au 13 décembre